" Invitée du jeudi " / Elodie Torres (US Châlette omnisports) / " J'arrête en juin prochain "
- Lyes Baloul
- 29 mars 2018
- 4 min de lecture
C'est depuis trois saisons que l'US Châlette omnisports est dirigée par une femme. Élodie Torres. Cette jeune femme a parcouru son propre chemin avant d'en arriver là. Celle qui côtoyait constamment le stade l'Abée-Deschamps, à Auxerre, pour soutenir l'AJA, son équipe de cœur, se dit, aujourd'hui, " dégoûtée " par certaines choses. À 27 ans, la Châlettoise rendra le tablier à l'USC générale cet été. Pourquoi ? " L'envie de voir autre chose ". Et...la maladie. Interview.

Vous êtes née à Châlette, vous avez grandi à Châlette, vous êtes présidente de l'US Châlette omnisports, entre cette ville et vous, c'est l'amour fou, n'est-ce pas ?
Oui, c'est vrai ! J'ai vu Châlette évoluer à travers le temps. Les années passent et on se rend compte que l'on est attaché à son enfance. Il est difficile de perdre ses habitudes.
Ente vous et le sport, à quand remonte l'histoire ?
Je n'ai malheureusement pas beaucoup pratiqué. Je faisais du handball UNSS avec le collège (Paul-Elouard, à Châlette) et un peu d'athlétisme (saut en hauteur). Parallèlement, j'étais inscrite à un club de dance à Montargis.
À 15 ans, la fin de la pratique sportive a déjà sonné ! Pourquoi ?
C'était le début de mes problèmes de santé. J'étais dispensée de sport au lycée. Je sentais que mon corps ne suivait plus. Ça se manifestait par de grosses fatigues et des douleus abdominales. J'avais tout arrêté.
Que se passe-t-il ensuite ?
On m'a diagnostiqué la maladie de l'endométriose. J'ai été opérée en urgence à l'âge de 21 ans. J'etais en pleines études à Orléans. J'avais à suivre un lourd traitement. Je me retrouve, du jour au lendemain, avec un corps qui a changé. Il y a eu trop de dégâts. On se sent que la vie ne sera plus jamais la même.
En 2013, Lino Da Rocha, président de la section football à l'US Châlette, vous propose une idée...
En effet, il voulait que j'intègre le club en qualité de secrétaire. J'ai accepté. J'y suis restée deux saisons. J'avoue qu'il n'est toujours pas facile de faire sa place au sein d'un milieu composé majoritairement par les hommes. Mais au-delà de certaines choses, j'estime que c'était une bonne expérience humaine et sportive.
Vous démissionnez de votre poste et vous vous retrouvez face à un nouveau challenge, la présidence du club omnisports...
La mairie de Châlette nous a parlé de refonte de l'US Châlette omnisports. Christophe Rambaud (l'élu au sports) voulait savoir si j'étais intéressée par être responsable de l'USC générale. L'idée me paraissait convenable et j'ai été élue en 2015.
Face à la maladie, vous acceptez un tel défi, c'était une mission un peu risquée, n'est-ce pas ?
Je voulais servir à quelque chose en sport. Je me trouvais encore en études à Orléans. Un club omnisports fonctionne comme une entreprise. J'avais deux salariés et cinq sections (football, taekwondo, rando, badminton, voile). Le club s'est retrouvé sans secrétaire ni trésorier pendant un an. Heureusement que Michelle Barriot (la présidente de la section rando) a accepté de s'occuper de la trésorerie.
Aujourd'hui, trois saisons à la tête de l'US Châlette omnisports, quel est votre bilan ?
Je suis satisfaite d'avoir su gérer la situation dans des moments difficiles. Nous totalisons plus de 500 licenciés. Nos sections réalisent de très bons résultats, à l'image du taekwondo (à lire demain un dossier sur l'USC taekwondo). La section football revient de très loin grâce à la volonté des dirigeants et le concours de la mairie et des partenaires. Les autres sections font le bonheur de leurs licenciés en leur offrant beaucoup de loisirs.
Vous avez donc décidé d'arrêter lors de la prochaine assemblée générale cet été, pourquoi ?
Ma maladie me fatigue. Je passe des jours au lit. Parfois je prévois des choses mais le corps décide que ça se passe autrement. C'est usant, à force. Il y a aussi l'envie de voir autre chose (elle est éducatrice spécialisée à Montargis). Je suis arrivée à saturation. J'ai fait mon cycle. Il est temps que je passe à autre chose. Je lance d'ailleurs un appel de candidatures pour le poste de président et de secrétaire (l'AG a lieu le 22 juin prochain).
Des déceptions ?
Pas forcément ! Je n'ai aucun regret d'avoir été utile à mon club, à ma ville. J'ai juste du dégoût pour le manque de reconnaissance dans le monde du bénévolat.
Vous êtes une fan de l'AJ Auxerre, depuis quand ?
Depuis toute jeune. J'allais souvent avec mon père voir les matches au stade l'Abée-Deschamps. C'est mon club préféré en France. J'ai des souvenirs chez moi. J'ai grandi en ayant le cœur qui battait pour le football. Je le suis moins à présent !
Pourquoi ?
Dégoûtée par la mentalité et la violence sur les terrains de football. Je trouve qu'il y a moins de respect. On a perdu certaines valeurs.
Comment parvenez-vous à concilier votre vie professionnelle, sportive et la maladie ?
C'est très difficile. C'est grâce à la passion et au devoir moral. Ça m'arrive d'être sur les terrains étant souffrante. Il faut croire en ses capacités.
" À part ça "
Musique préférée : portugaise et brésilienne, sinon polyvalente.
Plat préféré : le rojeos.
Signe astrologique : verseau.
Situation familiale : en couple.
Situation professionnelle : éducatrice spécialisée.
Devise : " Je ne regarde jamais le passé ".
Engagement : association AIME contre l'endométriose (contact : elodie.torres.13@gmail.com).
Comments